Quand j'écris, avec en tête des jeunes lecteurs-spectateurs-acteurs, je crois qu'avec eux je croîs.

Credo, par Gustave Akakpo

Je crois que le soleil tourne autour de la terre,
que la terre tourne autour du soleil
et que toutes ces rondes sont une farce où les deux astres nous convient à habiter le doute,
comme le conteur qui termine son conte par :
“C’est avec cette histoire qu’on m’a enjôlé et qu’à mon tour, je vous enjôle.”
Je crois que pour chaque euro investi dans la sécurité,
il doit avoir un euro investi dans la culture,
que l’exemple du gouvernement italien doit être suivi.
Je crois que la souffrance existe mais que la misère peut être vaincue.
Bien avant moi, monsieur Victor Hugo l’a aussi cru.
Je ne crois pas que la culture soit la clé de si qui,
d’un coup de points magiques sur les i,  enverra le terrorisme au tapis.
Je crois que la sécurité sans l’éducation et la culture est une misère
qui fait la fortune des marchants d’armes et la ruine des nations.
Je crois que l’art et la culture m’ont sauvé d’une haine-colère contre la France qui,
monstres fabriqués, bras armés, pillages imposés, guerres éclatées, falsification, a pris, prend,
prendra (j’espère pas toujours), de ma terre Afrique, ses richesses
pour son usage.
Je crois Kateb Yacine quand il dit :
“On ne peut pas aliéner un peuple par la culture. La culture n’est pas aliénante.”
Je crois, comme lui, que la langue française est mon butin de guerre.
Je crois qu’elle est une tour de Babel dont je suis copropriétaire,
une bibliothèque, comme dit Kossi Efoui, où j’ai bu aux sources des quatre coins du monde.
Qui allie plusieurs cultures s’aménage différentes manières d’être.
Je crois que quelque soit la longueur de la nuit, le jour vient,
que la nuit est parsemée d’étoiles,
et que je suis parfois dans la lune.
Je crois que l’art est un vaillant exercice de lucidité,
qu’il débusque l’évidence, qu’il exorcise les volcans.
Je crois qu’il y a des artistes qui enterrent l’art,
des politiciens qui enterrent la politique,
des démocrates qui enterrent la démocratie,
des républicains qui enterrent la république,
des socialistes qui enterrent le social,
des jeunes qui enterrent la jeunesse,
des sages qui enterrent la sagesse,
des assureurs qui enterrent l’assurance,
des croyants qui enterrent la foi,
des croque-morts qui a enterrent des croque-morts,
je crois aussi qu’il y a des artistes, politiciens, démocrates, républicains, socialistes, jeunes, sages, assureurs, croyants, croque-morts qui suscitent, ressuscitent, réveillent.
Je crois qu’on entre dans la vie par la mort et qu’on en sort de même.
Je crois que ces derniers temps, il y a des gens qui marchent sur la tête
et veulent nous faire croire qu’ils ont les pieds sur terre.
Je ne crois pas au choc de civilisations, ni en leur guerre, ni leur dialogue,
si par dialogue on entend les commerces matériel et spirituel entre deux entités purement autonomes.
Je crois que les civilisations dialoguent à l’intérieur d’elles-mêmes autant qu’à l’extérieur, que, de proche en proche ou concomitamment, elles se sont pénétrés, se pénètrent, se pénétreront.
Sur le vieil arbre de la création, je crois que l’adresse aux jeunes
est une nécessaire et urgente cotisation d’espérance à la barbe des démissions.
C’est : “Tenir la main au futur, qu’il ne tremble pas, qu’il sourit.”
comme le proclame une édition du festival des Récréatrales.
Quand j’écris, avec en tête des jeunes lecteurs-spectateurs-acteurs,
je crois qu’avec eux je croîs.

Gustave Akakpo

20 octobre 2016
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